samedi 2 mai 2009

Genève !


Nous avions commencé à nous séparer longtemps avant les Alpes, mais c’est en trois morceaux que nous nous sommes échappés de Frangy. Deux tenaient à prendre la route principale, un avait dormi dans le même bled mais sans nous retrouver, et moi je partais de mon côté, bien résolu à prendre les petits chemins avec l’espoir de m’économiser des souffrances et de rouler sans voitures.

Il s'avère que nous avions rendez-vous à Vers pour nous mettre au vert, et c’est vers Vers que mon moral de fer a failli faillir et me faire filer à l'envers. Je me trouvais à trois kilomètres de l’objectif, avec une demi-heure d’avance sur le plan, mais devant moi, que du vertige. J’ai terminé les derniers cent mètres d’ascension en poussant la Gaxuxa, qui traînait des sabots sous mes bagages. Les autres m’envoient un texto : « nous y sommes ». Je regarde Gégé qui m’indique 2 kilomètres. Mais quels kilomètres ! Une demi-heure plus tard j’arrive au sommet, le reste est une question de secondes. Les deux athlètes ont croisé Miette, équipé d’un pneu neuf, coiffé et blanchi ! C'est l'effet Suisse ! Il nous rejoint là, près du monument aux morts où on peut lire : « Aux enfants de Vers morts pour la France », ce qui ne rime pas trop, et c'est dommage de venir d'un village au nom si tant tentant qu'on s'y laisserait en chantant tenter à réécrire ce qui aurait pu dire de la même manière mais avec moins de pompe, si je puis l'oser faire, en plus réaliste et moins va-t'en-guerriste : « Aux fils de Vers morts en enfer ».

La suite n’est qu’une longue enfilade de routes moches et descentes stressantes entre voitures et fardiers sifflants et rugissants. Nous passons un poste frontière barricadé, Schengen oblige, et nous voilà à l’étranger. Tout de suisse commencent les pistes cyclables, les grands trottoirs et un certain civisme dans lequel les rares comportements de dingues font tache. Avant d’aller prendre un petit jus sur le Lac, nous nous arrêtons pour laisser le petit faire ses courses. Voilà, nous sommes à Genève, de l’autre côté des Alpes, nous sommes parvenus du Languedoc à la Suisse, par la simple et modeste force de nos petits muscles, de nos petites bronches, de nos plaisirs et de nos volontés. Le soleil brille, un vieux tube pop flotte par la porte ouverte d’un kebab alangui, Dire Straights, You’re So Far Away From Me.

5 commentaires:

gaétan a dit…

Pas sûr d'avoir tout compris mais j'ai bien aimé le "tout de suisse..." :>)

Anonyme a dit…

Wow! Brothers in arms.
C' est stimulant, enivrant, m'semble j'aurais adoré.
Vous roulez sur un méchant temps....
Il faut plus que des mollets mollo pour vous accompagner.
Cil
Bonne route!

Mek a dit…

Cil, viens-t'en, on va se calmer, là… On va rouler mollo. Promis. Prendre des bières, des photos, des bains de soleil, machin.

Anonyme a dit…

Allo!
OHHHHHH! Toi....
Je regarde où vous en êtes dans cette folle, et combien tripidante excursion et tu es là.
OHHHHHH!
Je continue de cogiter là-dsus.
Bise
Cil

Gomeux a dit…

Fortichon en tabarnac!