Voilà, chers amies et amis, voilà.
J'ai toujours eu l'idée, il a toujours été question, de rentrer en Languedoc à vélo. Cependant, le mois perdu à tousser mes alvéoles pèse lourd dans la balance de la réalité que je dois prendre en compte aujourd'hui. Je n'ai jamais été sportif et encore moins motivé par des rêves d'exploits ou de défis. Je ne suis pas du genre à m'obstiner à faire un truc qui m'agace et m'horripile au quotidien. Le froid, la pluie, la maladie et les perspectives d'écrabouillement sur l'accotement font partie de ces choses qui me plaisent moins dans la vie. Voici donc les données de l'équation que les circonstances placent devant moi ce matin.
En premier lieu, il n'y a plus que six ou sept heures d'ensoleillement par jour. En fait, vers 15 heures, je dois allumer les feux de signalisation et peu de temps après 16h, il fait, à toutes fins pratiques, noir. Ça devient dangereux de rouler. En Hollande, la grande majorité du parcours s'effectuait sur piste cyclable protégée, mais depuis mon retour en France, je partage mon espace vital avec les motos, camions, voitures et tracteurs, roulant évidemment tous et toutes à l'extrême limite du dérapage, sur des chaussées boueuses, détrempées, huileuses ou partiellement défoncées. À compter du crépuscule, lorsque je ne suis pas parvenu à atteindre mon abri quotidien, je suis envahi par un sentiment sinistre de connerie monumentale. À quoi bon, me dis-je, klaxonné par un dingue de cinq tonnes rouillées qui touche la toile de ma bâche en me frôlant à 100 km/h, à quoi bon ?
La température oscille désormais entre -5 et +2, ce qui n'est pas froid pour un Québécois, j'en conviens, mais qui rend les déplacements à vélo dans les collines de France pour le moins inconfortables et, à vrai dire, pas très amusants. Je pète de chaleur en grimpant, je me gèle le mouillé sur le poitrine en descendant.
Mon petit budget a été depuis longtemps dilapidé. J'ai reçu beaucoup d'aide de lecteurs, d'amis et de membres de l'organisation, mais je suis tout de même forcé d'opérer dans un cadre qu'on pourrait qualifier d'extrême au plan matériel, ce qui complique constamment les petites choses. Je fonctionne depuis longtemps sans filet, mais la saison rend la précarité plus lourde de conséquences. De plus, tant que je ne peux pas m'installer pour travailler de façon organisée, je retarde l'arrivée de fonds sur lesquels je comptais à l'origine pour le mois courant.
Mon corps a bien récupéré de la pneumonie et j'ai peu à peu retrouvé la forme cycliste perdue pendant ces longues semaines de fièvre à suer-froid entrailles, force et muscles, mais mentalement, moralement, psychiquement, je suis essoufflé. L'idée de compter sur un lieu sécuritaire et abrité où me réveiller pendant quelques mois consécutifs me remplit de bonheur et de soulagement, alors qu'au contraire, la tâche un brin ingrate de me broder un autre chapelet de quinze ou vingt bons samaritains de Paris jusqu'à Sauve me rebute et me décourage.
Une amie m'a indiqué que certains trains pourraient me ramener dans le Sud pour quelques sous et j'ai vérifié ces informations. Je jongle avec l'idée de me rapprocher à quatre ou cinq jours des Cévennes pour finir la route en pédalant, mais dans des conditions plus agréables. Barcelone, Marseille et Toulouse font partie des projets envisagés. Je vais méditer là-dessus encore quelques heures, mais je devrai prendre une décision d'ici demain soir.
mardi 15 décembre 2009
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6 commentaires:
para eso son los amigos
Barcelone... tu longeras la mer et la ville est si belle! Et puis viendront les pyrénées si sauvages et si belles; prêtes à t'étreindre dans leur blanche robe glacée...
Toulouse se déroule comme une femme jusqu'en Cévennes; creux et rondeurs au sein desquels là un froid, ici une brume, ailleurs une courbe glissante...
Marseille, peut-être, avec son caractère cosmopolite te laissera courir ses vallons et ses plaines jusqu'en Cévennes dans une douceur relative mais ensoleillée... joue le aux dés... mais préserves toi d'accidents inutiles, à quoi bon?
héhé qu'importe ta décision tu demeures mon héros :-)
Et un héro vivant et créatif est mieux qu'un héro mort (qu'on porte au nue pour étayer ses fantasmes té!), alors ne te tortures pas, troques ton guidon contre ta plume ou n'importe quoi qui t'agrée...
sage décision, n'oublie pas tes fidèles lecteurs cet hiver, donnes de tes news et bravo aux mollomollets. Bon retour à Sauve
Très sage décidion. Sauve est le port d'attache? Mes meilleurs amis sont à Anduze, je vais souvent les voir. Pour revenir vers chez toi le mieux est de prendre le train jusqu'à Toulouse et ensuite pédaler le long du canal du Midi. Enfin comme tu le sens, mais tu as raison de fuir les routes du Nord pourries de camions. Prend soind de toué
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