mercredi 26 août 2009

Une Journée de misère, ou presque


À la pluie presque du début à la fin. Au bout de 90 km, je commence à chercher un coin approprié pour déplier le matos. Que dalle. Je finis par longer une forêt qui pourrait le faire, mais je n'ai plus d'eau, alors j'espère un petit sklep pour y acheter une bouteille. Pas de sklep. Sont tous fermés, les sklep. C'est fête religieuse. Je finis par décider de prendre un camping. Mais… pas de camping là où on en annonçait un. Je continue, il fait bientôt noir. Tous les clignotants allumés, sans voir la route, c'est pas de la tarte. Une pancarte sur le bord de la route annonce « POKOJE 500 m ». Y a que des champs entourés de barbelés électrifiés pendant quatre bons kilomètres. Pas de routes, pas d'autres pancartes. Une immense enseigne attire le blaireau dans un « GOGO-DANCERS 1 km ». Hey, je me dis. Y a toujours un motel, près d'un bar-à-putes. C'est comme les mouches et les vaches, ça va ensemble. Eh bien, non, pas de Gogos, ni de motel, ni rien. Rasé, tout ça. Bombardé, brûlé, vendu, démonté, chais pas, mais j'ai soif et j'y vois plus clair.

J'arrive dans un patelin que ma carte décore de deux vignettes, une pour « hôtel », l'autre pour « auberge de jeunesse ». Demande à l'un, demande à l'autre, nie-nie-nie… Rien à faire. Introuvable. Il commence à faire froid. Je fouille ma carte à la frontale pour trouver une rivière, ce qui pourrait vouloir dire un pont, sous lequel je…

Bon… je poursuis sous les dernières lueurs de reflets de couchant, puis sous les étoiles. Je profite du lourd achalandage pour regarder où je vais, les phares des voitures me sauvant plus d'une fois d'une profonde ornière ou d'un nid de poule monstrueux.

J'arrive à Myszynec, ornée sur la même carte des mêmes petits dessins. Je demande au premier magasin, où on me dit « Nie, nie, nie… ». J'insiste. Je montre ma mappe. Ils voient bien qu'il doit y avoir des hébergements, puisque c'est imprimé. Ah, là… Ça change tout. Soudain, l'un se souvient d'un pokoje, l'autre d'un hôtel, une crie « camping », on m'explique tout pêle-mêle. Un gentil type me dessine le chemin des « chambres ». Je remercie chaleureusement et je fonce… En montrant mon plan grossier à 50 passants, je finis par arriver. Sur la terrasse de l'endroit même, un kebab, rien de moins, je demande à deux clients qui me rembarrent : « Nie, nie, nie ». M'en fous, j'insiste. Je vois même une pelouse derrière le bâtiment et je décide que si nie-nie, je tak-tak camperai là ! Eh, bien la dame m'aperçoit à peine du coin du cabaret qu'elle me demande : « pokoje ? ». TAK-TAK-TAK ! Mezen, pokoje. Dobre-dobre-tak-tak ! Il fait 6 degrés, tout est mouillé et je ne demande même pas le prix. Finalement, j'aurai une grande chambre chaude et sèche, une bouffe de roi le soir et un festin d'empereur le matin, pour 12€. Tout est bien qui finit plein et souriant.

J'ai imploré la providence, faut dire, vers dix-neuf heures trente. J'y crois pas encore tout à fait, mais euh… ça marche, on dirait. Quelque fois que j'y ai recours. Sans blagues. Si ça continue comme ça… On va devenir chums, elle et moi. Les Lois de la Manifestation, auraient dit mes parents. Tak-tak ! Dobre.

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