mardi 30 juin 2009

Indija - Belgrade ; 47 km


Cette route, cette terrible route, engorgée de camions monstrueux et de chauffards hystériques. Y ayant goûté la veille, nous décidons de l'emprunter à l'aube. Nous sommes en selle à 6h et nous torchons comme des estis. Nous arrivons à Belgrade à 8h30. La dernière moitié aura été un enfer cycliste. Vacarme, stress, danger aigu d'écrabouillade.

Nous rencontrons tout d'abord un serveur hostile qui nous sert un café au goût de carton imbibé d'huile à moteur, puis se sauve avec la monnaie. Nous traversons le centre-ville, mais les patrons de notre auberge ne répondent ni à la sonnette ni au téléphone. Ensuite, une dame impatiente de l'office du tourisme nous envoie sur deux autres établissements qui ont exactement le même comportement que le premier. Fschss ! Une pluie diluvienne s'abat en trombes. Uhm. Nous sommes sauvés par l'intervention d'une couturière au grand cœur qui connaît l'aubergiste et lui laisse un message. Elle nous offre un verre de jus, nous fait asseoir dans sa boutique, nous présente son fils qui va nous aider en transportant les bécanes dans le sous-sol qu'elle nous prête… tout ça gracieusement. L'hostellière finit bien par arriver. L'offre n'est pas très chouette, mais nous sommes à bout. Il est quatorze heures quand nous finissons par poser nos sacs. Nous sommes à Belgrade, tout de même, c'est pas rien.

Les Courageux soldats du Bien



Un jour de 1999, un bon petit gars qui bossait pour l'OTAN, assis dans son appareil supersonique indétectable, s'est approché d'ici. Il a poussé un petit bouton sur son manche à balais… Au cours des dix semaines suivantes, la valeureuse OTAN et ses bons petits gars ont effectué 38000 missions de combat. Mille deux cent civils ont péri dans les bombardements.

Le 29 avril 1999, la Yougoslavie a déposé une plainte devant la Cour Internationale de justice de La Haie, contre la Belgique, l'Allemagne, la France, la Grande Bretagne, l'Italie, le Portugal, les Pays Bas, les États-Unis et le Canada. La cour a rejeté la requête, prétextant que la Yougoslavie n'était pas membre de l'ONU au moment des agressions.




lundi 29 juin 2009

Adieu l'Ouest, adieu le Centre… Bienvenue à l'Est

Novi Sad - Indija ; 65 km

dimanche 28 juin 2009

Sombor- Novi Sad ; 102 km

samedi 27 juin 2009

Baja - Sombor ; 92 km

vendredi 26 juin 2009

Eurovélo 6 :
Pas toujours très roulante !



La fameuse Eurovélo 6 existe surtout dans les bureaux de l'organisation qui a trouvé ce chouette concept de pistes cyclables transeuropéennes. Reste que depuis Bratislava, ses enseignes ont commencé à apparaître un peu partout. Il est à peu près impossible de la suivre pendant une journée, puisqu'elle semble se diriger un peu n'importe où, allant jusqu'à repartir en sens inverse de temps à autres. Les cyclonomades d'expérience préféreront suivre leur nez et leur boussole, évidemment. À compter du Sud de Budapest, l'Eurovélo 6 n'hésite plus à s'identifier sur des digues recouvertes d'herbes folles, à l'entrée de chemins de ferme boueux, ou au beau milieu de champs en friche couverts de ronces. À certains moments, nous roulons 30 km/h. À d'autres, nous poussons les vélos, du sable humide plein nos sandales. C'est l'aventure, que diable !

Ivan, le petit nouveau



Il a pédalé de l'Île de Mann jusqu'ici et nous allons faire un bout ensemble. Quand nous retrouverons Vincent, ça fera toute une équipe. En autant qu'il n'ait pas été kidnappé par les petites Hongroises comme Miette l'a été par les Suissesses… Décidément, les sirènes, les sirènes… Sans cesse leurs mélopées enchantent les berges de l'Odyscycle.

Mollomollets, +1 -1 !

En sortant de Budapest nous nous sommes perdus de bien des façons. Au hasard d'un méandre et d'un cauchemar signalétique, nous faisons la rencontre de Ivan, citoyen de l'Île de Mann, un état souverain microscopique situé en mer au large de Liverpool. Nous roulons à trois toute la journée. Vincent a de nouveau des soucis avec la Mule. Faut dire qu'on s'est pris des averses, des boues, des chutes, des clôtures, des euh… Enfin. À un moment, nous perdons contact avec Vincent et la Mule. Il n'y a qu'un pont nous reliant à la suite du voyage, donc nous nous installons juste devant pour l'attendre. Une demi-heure passe. Je pars derrière et je remonte jusqu'au dernier point où je me souviens de l'avoir aperçu dans mon rétro. Rien. « Encore un coup de Drive for War (nos ennemis jurés) » comme aime le Vincent chaque fois qu'il pleut ou qu'on ne trouve pas de fontaine. Je ris un bon coup et je file à la Mairie, notre point de rendez-vous en cas de paumage total. Il n'y est pas. Je retrouve Ivan qui en est à son enième café et nous décidons de filer plein Sud. Vincent devait de toute façon faire un petit détour galipette chez une jolie jeune Magyarette. En espérant le retrouver le plus tôt possible, lui qui parle un peu Serbe et connaît bien le coin.

Nous bivouaquons sur le Danube en pleine pluie. Tout se passe bien. Départ à 6h30, roulade énergique, arrivée en fin de journée, encore sous la pluie. Nous sommes accueillis par une famille très sympa dont le fiston est cyclorandonneur et triathloniste ! Merci, merci, merci Warmshowers. Nous passerons deux jours ici avant de tenter de traverser la Serbie sans planter nos tentes dans un champ de mines.

jeudi 25 juin 2009

Dunavesce - Baja ; 108 km


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mercredi 24 juin 2009

Budapest - Dunavesce ; 105 km


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mardi 23 juin 2009

Yönapot faciles

Je dis souvent qu'il faut respecter, voire craindre, la moindre distance au-dessus de trois kilomètres. Il nous restait un petit trente sur le plat à grignoter pour arriver à Budapest et malgré notre grande sagesse (euh…), il faut admettre que nous l'avions fichtrement négligé. Nous partons sans trop étudier la carte (c'est de la ligne droite, non ?), sous une pluie d'abord vaporeuse, puis abondante et bientôt torrentielle. Tout va bien pour les deux premiers tiers. Nous entrons dans la trace de break banlieusarde de Budapest. Je suis rêveur et gaffeur d'ordinaire, mais ce matin, ça bat des records. En replaçant un gugusse sur mon guidon, je me prends de front une voiture stationnée. C'est la première chute du jour, mais pas la dernière.

Petite pause café pour laisser passer les précipitations violentes. Nous sommes assis sur le bord du Danube, devant un bac qui s'active pendant une heure à transporter piétons et véhicules de toutes sortes. Jamais l'idée ne me prend de consulter ma carte. La piste cyclable, en fait, se termine ici et emprunte ce bac pour aller zigzaguer dans un parc naturel de l'autre côté, parmi les oiseaux et les fleurs, sous couvert de grands arbres. Mais nous, euh… Nous allons plutôt continuer dans cette Suburbia version Est — c'est-à-dire la mêêême chose ! —, glissant de centres commerciaux en rangées de bungalows aux styles incompatibles et pompiers, avant de nous voir jetés pieds et poings liés dans la mêlée des autos tamponneuses et des fardiers balourds sur l'autoroute secondaire de la capitale, la terrible « 2 ».

Des Hongrois bien intentionnés nous pointent le Danube en gesticulant. Nous tentons de rejoindre une hypothétique piste cyclable en prenant chemins de côté et routes de service, en vain. Nous nous retrouvons sur un vague sentier détrempé. Au moins, ça ne sent pas la mort par écrabouillage. Nous relaxons un peu, malgré la pluie. C'est là que je glisse dans une ornière saillante ; les roues se mettent en travers, je sens mon poids qui bascule et floc ! Je suis étendu dans les herbes détrempées, la Gaxuxa est toute à l'envers dans la boue, les sacoches ici et là. Vincent me file un coup de main et on repart en rigolant. Juste quand je me dis qu'on a le moral et que c'est ça qui compte, hop ! Je dérape encore, c'est pareil, cette fois je termine debout, mais la Gaxuche a encore l'air folle avec ses pattes emmêlées et ses cornes de traviole. Une attache de sacoche a lâché. Je devrai réparer plus tard, je fixe pour le mieux dans l'urgence, après tout, il ne reste que sept km.

Notre petit chemin s'avère un piège de clôtures et de murs, duquel nous devons nous évader en déchargeant les vélos afin de les soulever au-dessus d'une barrière, tout ça sous les trombes diluviennes. Miracle, une piste cyclable existe bel et bien à cet endroit. C'est un accotement glorifié de la même « 2 ». Vacarme, poussière, échappements. Miam. Nous arrivons au cœur saignant de la métropole hongroise, qu'une armée d'États-Uniens en cravates semble avoir désossée pour la transformer en Edmonton à racines. On dirait que seule la très vieille partie de la cité ait gardé quelques vieilles pierres. Par chance, c'est là que sont sises les auberges de pauvres et c'est là que nous allons tenter de passer quelques jours. Malgré notre affection pour la ville, nous qui sommes tous deux fils du ciment, il faut admettre l'apparition désormais de plus en plus pressante de l'appel des bois. La forêt a une dimension tellement plus humaine que l'habitat des humains. Comme si la ville de ce siècle se suffisait à elle même et ne tentait plus d'y accueillir que sa propre pérennité minérale et sans vie.

Szödliget - Budapest ; 33 km


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dimanche 21 juin 2009

La Mule et la Gaxuxa au kórház (hôpital)


Nous sommes arrivés de peine et de misère à Szodliget, les deux montures épuisées bien plus que leurs cavaliers. J'avais déjà dû changer chaîne et cassette à Vienne, à la grande déception de mon porte-feuille, mais j'ai laissé dans une poubelle au bord du Danube un pneu de marque légendaire censé durer 10 000 km les doigts dans le nez. À peine s'il en avait 3000. Baah. La Garrigue, la charge, les cailloux. Nouveau pneu aussi pour la Mule, sans compter une nouvelle chambre à air, nouveaux patins de freins et des tas de nouveaux rayons pour tout le monde (plus une grosse poignée de rechanges), graissages, bains d'huile, la-to-tale. Tout ça effectué ici à Szödliget par Csokmei Lajös et fils pour une poignée de monnaie, quelques sourires et une longue session de mime. Inutile de dire que nous recommandons fortement.

Nous devions couchsurfer ici une seule nuit mais, au vu des circonstances, nos fantastiques hôtes nous ont offert de rester aussi longtemps que nécessaire. Ils nous prêtent une maison d'invités ! Nous repartons demain à l'assaut de l'Est. Prochaine nuit à Budapest. Nous roulerons en Serbie au cours des jours qui suivent. Les prochaines semaines risquent de nous tenir un peu à l'écart des réseaux électroniques, mais je tenterai évidemment de mettre les sites à jour le plus souvent possible.

Moča, Slovaquie - Sződliget, Hongrie ; 80 km


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En fait, ce n'est vraiment pas le chemin que nous avons pris, puisque nous avons longé le Danube de bout en bout à quelques exceptions presque. Nous avons traversé les rivières à des endroits un peu clandestins et Googlemaps n'aime pas ça. De toute façon, vous aurez compris que la carte ne correspond jamais au territoire !

Bivouac sur le Danube







vendredi 19 juin 2009

Adba, Hongrie - Moča, Slovaquie ; 120 km


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mardi 16 juin 2009

Bratislava - Abda ; 90 km


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Nous roulons en Hongrie, bon sang de bonsoir ! En-Hon-grie !

lundi 15 juin 2009

Wien - Bratislava (avec détours) ; 114 km


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Oulah. Nous quittons nos amis de Vienne à regret. Je reverrai Jan et Nadine, pas le moindre doute. Parmi les regrets de ce matin, le nombre de bières consommées lors des adieux de la veille, qui se rappellent vite à nous au cours des premiers kilomètres.

Nous confondons un petit canal pour le Danube, que nous devons longer. Lorsqu'on s'en rend compte, il faut retourner sur nos pas ou poursuivre dans l'herbe en espérant remonter quelque part. Nous poursuivons en vain. Rebrousse. Pendant la rebrousse, nous nous retrouvons séparés. Je dois grimper la Gaxuxa sur un pont en empruntant un bizarre d'escalier à vélo avec une rampe à 20%. Six paliers. Une demi-heure. Une fois en haut, couvert de petites déchirures sanglantes et tremblant de tout mon corps, je me rends compte que le passage est bloqué. D'autres cyclistes sont dans la même mouise. Faut rebrousser (encore). Un pont encore plus loin. Tout ce temps je roule Nord-Ouest, moi qui vais Sud-Est. Ho, ho, ho. Je suis encore à Vienne, une heure et demie que je roule, pas de nouvelles de Mollo-Vince. Je parviens à traverser. On m'indique le chemin. Zooo. Ça roule ma poule. Il y a une femme nue sur la piste cyclable. Eh bien.
— Servos.
Elle ne répond pas. Son mari marche derrière elle, à poil lui-aussi.
— Guten tag.
Muets, ces démunis. Tiens, encore un type à poil. Il est étendu sur une serviette, en pleine piste, les… jambes écartées. Oh mein Vishnu. Euh… Je regarde devant moi. Des centaines de Viennoiseries grillent ainsi leur beurre sur la piste cyclable. Ça s'étend sur 3 km. Au bout, faut rebrousser. Je mange ma dernière tranche de schwarzbröt. Puis, hop ! À la recherche de la Donauradweg, qui aujourd'hui, décidément, joue à cache-cache. Je finis par tomber dessus. Ensuite c'est tout droit. La carte de Google-maps ne comprend pas qu'on puisse rouler à vélo. J'ai fait approximatif. Enfin.

Au bout d'une petite montée en lacets encombrée de tracteurs boueux et nauséabonds, j'entends une voix familière qui me hèle.
— Mein Herr!
— Eeeeh !
C'est Mollo-Vince !

Nous exécutons les derniers kilomètres sans trop de pitié. C'est tout plat, tout bien, tout vert, tout droit. Voilà le poste frontière désaffecté, voilà l'Est. Fini l'occident. Adios. Y a plus qu'à découvrir la barbarie. À commencer par une soupe à l'ail et, pour la première fois depuis la Suisse, du petit rouge ! Benouzes. Nos hôtes de Warmshowers sont absolument charmants.

Ça s'appelle comment ? Le bôôônheur.

jeudi 11 juin 2009

Jonction réussie à Vienne !

Dans l'ordre habituel : Mollo-Vincent, La Mule et La Gaxuxa (qui semble renifler la sacoche arrière de sa nouvelle copine). Tout au fond, la garçonnière du coiffeur de la femme du garagiste de l'oncle Rüdi de Munich

Dans l'ordre exactement contraire, devant l'entrée de service de la cabane du jardinier de la femme du comptable de l'Oncle Rüdi

Les anciens austropitèques (homomusculus antisubtilus) savaient parler aux femmes (bien que celle-ci semble s'être assoupie) !


Les astres commencent à s'aligner en faveur de la Gaxuxa

lundi 8 juin 2009

Grafenwörth - Wien ; 80 km


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dimanche 7 juin 2009

Melk - Grafenwörth : 60 km


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samedi 6 juin 2009

De Linz à Melk sur le Donauradweg







Et toute la journée en roulant, mon pire côté, ma partie la plus sombre, je dirais, ma sub-personnalité naze à donf, celle-là même qui pourrait un jour me faire enfermer à triple tour chez les foqués de chez Phoque inc, me susurre sans discontinuer, inlassablement, sans même prendre le temps de respirer :
Give it away
Give it away
Give it a Donau

Sur l'air des Red Hots…

Stie. Hâte de changer de rivière, mais c'est dans plus d'un mois !

Diamant à Linz

Donc, le petit trouvaillichon du jour est le suivant : Il n'est pas totalement juste de dire que tout est dans la tête. La pluie, par exemple, n’est pas dans, mais sur la tête. Et également sur la chaussée le long du ravin de quatre mètres qui aboutit au fond du Danube, pour ne citer qu’un exemple. Par contre, si je puis me permettre ce raffinement, je dirais ceci : « Tout passe par la tête ».

Ainsi, la pluie, pour se rendre au siège de la terreur, doit impérativement passer par la tête, où elle peut être interceptée, enrobée de messages plus calmes, vidée de ses connotations, pétrie d’amusement ou d’émerveillement, etc. L’état d’urgence et de veille institué par la crainte d’une chute fatale à la poursuite de l’expédition est utile et même nécessaire et se trouve informé par la collection des moments charnières de fulgurance qui, dans le passé, ont en un clin d’œil transformé les circonstances de la vie.

Suffit maintenant de profiter de cette force fabuleuse pour se prémunir des distractions et éviter les pièges à homard, tout en se laissant aller un tout petit peu au fiévreux vertige de l'idée d'une perte totale, d'une catastrophe suprême, ronde comme une larme ou une pleine lune, nette, claire, limpide et stérile. Oui, il fait parfois bon se laisser attirer par le vide, surtout quand on l'a bien connu et qu'on en est sorti, allégé de quelques plumes, soit, mais trempé dans l'acier de l'épreuve.

vendredi 5 juin 2009

Linz- Melk ; 109 km


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mercredi 3 juin 2009

Wesenufer - Linz ; 84 km


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mardi 2 juin 2009

Passau - Wesenufer ; 35 km


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lundi 1 juin 2009

Mamming - Passau ; 105 km


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